CC‘est devant un parterre de zozos plus ou moins rigolards, que l’artiste s’exhibait, son corps habillé, et poussait une longue plainte déchirante pudiquement cachée sous la morsure cinglante de mon humour ravageur. Présentant sa colère, sa hargne et son courroux – coucou – System D’ reprend les textes de Desproges, actualisé et mis au goût du jour. Gilles Cauchy a adapté et interprété ce texte autrefois joué en Avignon et sur une cinquantaine de dates en France. Tout dans la vie est une affaire de choix, et ce spectacle s’est donc naturellement imposé pour l’ouverture du festival des 30 ans du théâtre des charmes.

Ils nous a fallu 2 représentations pour combler les ardeurs des spectateurs venus remplir la jauge du théâtre. La représentation du jeudi 26 octobre fut complète. Pour les retardataires malheureusement, pas un siège, pas une marche, pas un espace de libre pour permettre à leurs corps de s’abaisser jusqu’à s’asseoir et permettre à leur doux postérieurs de supporter cette position grotesque d’être assis.  Les pauvres hères ou Épagneul breton qui n’ont pas réservés ont pu quérir leur bonheur le lendemain et ont dû, à l’instar de Robinson, attendre Vendredi.

Comment passer d’un évier à une baignoire

Comment passer d’une scène de café théâtre à un plateau de théâtre. Comment remettre au goût du jour des textes travailler il y a 25 ans. Voilà la tâche à laquelle nous nous sommes attelés. Quand je dis nous, je veux parler d’Antonia, à la tâche ingrate mais précieuse de troisième œil, de Jago à la lumière, d’Adrien à la régie son et de Ninon à la scénographie.
Plus de place, plus de déplacements, plus de lieux à habiter. De ce fait le placement de la voix et la respiration ont été retravaillés, des personnages ont fait leur apparition ; mais le plus important, le plus angoissant, outre le trac, fut de répéter devant un gradin vide et de se dire que, quoiqu’il arrive, il n’y aurait jamais de vérité acquise avant la rencontre avec le public, que des respirations nouvelles se créeraient automatiquement en fonction des réactions des spectateurs. Nous n’avons pas inventé l’eau chaude, si importante pour des expériences balnéo thérapiques, nous n’avons rien découvert, nous nous sommes mis simplement à la tâche, et au footing, pour créer un moment de théâtre, un bain de jouvence.

Gilles Cauchy