Inspiré de l’exposition “One Minute forever”, l’artiste photographe autrichien Erwin Würn a présenté, à Lille en 2013, différentes photographiques à travers lesquelles on pouvait voir la libération des objets banals de leur contexte familier par de simples détournements qui donnaient un sens hors du commun et effectuaient une remise en question des objets du quotidien.

Le travail de Ninon Freville, “Linceul” , illustre la représentation d’un corps disparu soudainement, en un moment et ne laissant plus que la trace ridicule et absurde d’un objet dénué d’utilité et de sens : une robe. L’objet est détaché de sa fonction première. Il n’est plus qu’une représentation d’un moment d’une vie passée mais également l’illustration de l’âme de sa propriétaire. Son travail a été réalisé en noir et blanc pour permettre une lecture simplifié de la scène. Parmi les ombres et la lumière, les yeux seront guidés au travers de la représentation de la disparition.

Dans cette série de clichés, chaque photographie est une pièce d’un même puzzle, chacune étant une représentation unique de l’absence. Pour autant, chacun des tirages a été réalisé de façon autonome à la façon d’un cadavre exquis photographique.

Lors de repérage de lieux pour la mise en scène de chaque photographie, Ninon Fréville a extrait de ces lieux connus de tous les décors naturels : les rues cayolaises, le parc du château, un banc eudois. Les matières et textures ayant une importance cruciale dans la recherche d’esthétisme photographique, le travail de recherche a été primordial dans la composition des oeuvres. Le relief d’une pierre, l’absorption de la lumière par une latte de plastique d’un banc public, l’uniformité chaotique des galets d’une plage, la monotonie d’un mur de brique, etc. Autant d’éléments visuels du quotidien qui accompagnent le sujet de la photographie.

“J’ai grandi dans ces lieux que je connais par coeur, utilisez ce patrimoine local comme toile de fond était naturel pour moi”

Ninon Fréville.